jeudi 9 décembre 2021












Parallèle entre les dérives de la vie religieuse et celles de la vie politique

Un livre excellent est sorti en 2020 pour expliquer comment des communautés nouvelles fondées dans l'enthousiasme ont pu dériver si vite dans l'abus de pouvoir et l'abus spirituel faisant beaucoup de victimes en chemin. Il s'intitule Risques et dérives de la vie religieuse et a été écrit par Dysmas de Lassus le prieur de Chartreuse.

1- La justice s'appuie sur un cadre précis et stable. Les communautés anciennes sont protégées par des règles séculaires qui définissent clairement les pouvoirs et les contre-pouvoirs. Un supérieur ne dirige jamais seul. Dans notre contexte politique actuel, le rôle de contre-pouvoir est tenu par le Parlement dont la fonction est parfois outre-passée et par le Conseil d'Etat et le Conseil institutionnel dont les membres sont aujourd'hui souvent partie prenante des débats. Les médias sensés représenter toutes les tendances ne sont plus le lieu des grandes confrontations d'idées.

2- Du cadre découle la notion d'obéissance. A qui obéit-on et jusqu'où? Dans une communauté religieuse on obéit à Dieu et à ses représentants tant qu'ils servent Dieu. Des status flous ont contraints des hommes et des femmes à obéir à des supérieurs en contradiction avec leurs valeurs. D'autres part, certains supérieurs ont confondu for externe et for interne exerçant ainsi un pouvoir sur les consciences qui sont le lieu du discernement individuel. Aujourd'hui l'Etat demande une obéissance médicale quand cette obéissance n'est pas encadrée par un contrat passé entre l'Etat et le citoyen. Obéir à qui et jusqu'où? Qu'est-ce qui relève de la conscience individuelle?

3- L'emprise entrave le libre exercice de la conscience. Qu'est-ce que l'emprise? c'est une prise de pouvoir intellectuel et moral. Elle permet de manipuler la victime sans limite. Comment y parvient-on? 
- par une admiration démesurée du leader. Certains fondateurs de communautés nouvelles avaient un fort charisme. L'admiration qui leur était vouée avait pris la place de celle de Dieu et l'obéissance à Dieu était devenue obéissance au leader. En démocratie, l'obéissance du citoyen est ordonnée à la recherche du bien, le leader n'est pas Dieu, l'obéissance réclame la prudence.
- par un questionnement interdit devant ce qui pourtant questionne. Ceux qui questionnaient étaient accusés d'égoïsme, de péché et menacés d'être mis au ban de la communauté. Dans notre situation inédite de pandémie, il est interdit de questionner l'origine de la pandémie, de penser à d'autres solutions que le vaccin, de mettre en cause l'obligation d'un traitement en phase d'essai... sous peine de porter le nom connoté négativement de "complotiste". La majorité supportera difficilement d'être placé du côté des mauvais citoyens et préfèrera rejoindre le groupe.
- par un usage du chaud et du froid. Un jour choisie comme confidente et préférée, un autre jour méprisée et accusée, la victime consacrait son énergie à éviter la colère du bourreau quitte à démissionner de la quête du bien. Tout comme aujourd'hui on peut se sentir obligé de suivre toutes les règles, même discutables, pour être un bon citoyen.
- par la création de la confusion. Ce qui était déclaré mal par l'Eglise devenait juste selon les supérieurs. Ce qui était bien un jour était mal un autre et vice versa. Depuis 2 ans, les injonctions sanitaires changent constamment, les chiffres ressemblent à des rumeurs, des travailleurs loués de travailler au risque de leur vie sont désormais suspendus sans salaire, les informations à la télévision contredisent celles qu'on trouve sur les réseaux sociaux. La confusion est source de fatigue car le mental mouline sans fin à la recherche de réponses et oublie le bouton pause pour se ressourcer.
- par la nomination d'un bouc émissaire. Pour éviter qu'on questionne le bien-fondé de ses actions, le manipulateur détourne la fatigue créée par la confusion intérieure des victimes vers une autre victime qui servira de défouloir. Dans les communautés, les victimes étaient coupées de l'extérieur et de leurs frères et retournaient donc l'agression contre elles-mêmes. Dans notre actualité, il est susurré que le problème vient des "autres". Cela pourrait servir de défouloir au ras-le-bol ressenti par tous. En vérité, tous les citoyens sont victimes d'un problème qu'aucun n'a provoqué et avec lequel tous doivent composer. C'est l'union qui fait la force dans l'adversité. Réfléchir n'est pas s'opposer systématiquement mais préserver la liberté. Le questionnement individuel est le 1er contre-pouvoir des élites.


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