Même blessé, je suis appelé à la vie

Quand je suis violemment bousculé par les évènements ou quelqu'un, le problème qui m'affecte prend toute la place. Avant, il y avait moi (je menais ma vie), le problème n'existait pas et l'autre menait aussi sa vie. Survient l'évènement ou l'altercation douloureuse et ceux-ci occupent tout mon être. Je ne me rends même pas compte que je ne vis plus vraiment, je deviens un zombie dont seul subsistent le mental et l'émotion. Mon corps a disparu tandis que mon vélo pédale comme un fou à la recherche d'une solution. Et mon être est colonisé d'émotions douloureuses.

Le mental tient sa victoire. Son job est de mouliner des pensées or il vient de se trouver de quoi occuper des heures de travail, des années peut-être avec un peu de chance. Pour cela il doit s'assurer de garder le pouvoir. Et c'est assez facile car l'évènement ou l'altercation lui donnent raison. Il y a vraiment eu agression et/ou deuil. On ne pourra pas démontrer le contraire. Du point de vue intellectuel, son dossier est inattaquable.



Oui mais ma vie est en vrac et je suis l'ombre de moi-même. Chaque acte que je pose parait dédoublé; je le pose mais ma pensée est ailleurs. Au bout d'un certain temps l'objet direct de ma peine peut sembler avoir cédé le pas, mais mon mental a pris l'habitude de mouliner. Je suis rincé de fatigue quand vient le soir. Et comble de malchance, le sommeil se refuse à moi. Comment reprendre le dessus s'il faut gérer la fatigue en plus?

STOP! Le mental ne peut apporter la paix. Par ailleurs je suis appelé à la vie. Ma vie n'a plus de sens en l'état. La pleine conscience m'invite à revenir à mes fonctions régaliennes! (manger, dormir, aimer, mettre un pied devant l'autre)

Un acte conscient coupe immédiatement l'accès au mental. L'acte conscient est source d'énergie et de paix quand l'acte dédoublé draine l'énergie dont j'ai tant besoin en ce moment. Alors je me donne l'objectif de "tolérance zéro". Même si ça va être dur à atteindre. Mais il y a urgence, il y va de ma survie.

Chaque fois que le problème s'invite dans mon esprit, je me dis que ce n'est pas la réalité qui se rappelle à moi mais mon mental qui veut être président. Eh bien, non, c'est fini, il n'aura plus le poste mais c'est mon être unifié, avec le corps et les émotions, qui reprend ma vie en main.

Pour apaiser mon mental hypertrophié, je redonne la priorité aux sensations. Pour m'attacher coûte que coûte aux actes conscients, je fais appel à tous mes sens. L'oreiller est doux ce matin. Le soleil a des couleurs de rayons de miel. Le ciel a repris sa hauteur infinie. Le sol de la rue me soutient. Le métro me berce. Le bureau me protège.

J'écoute chacun de mes gestes.

J'ajuste mon geste à l'effort requis. Pas besoin de m'arracher les dents quand je me les brosse avec vigueur le matin! Je mets de la douceur dans chacun de mes gestes.

Et puis je laisse là ma colère parce que je suis fait pour aimer et que c'est ce qui donne du sens et de la joie à ma vie.

Aujourd'hui va me donner des tas d'occasions d'aimer. La journée va être belle.